Au marché, ce matin, un ciel bas, nébuleux
A posé son coton sur la face des choses.
Sous son voile mouillé, âmes et troncs calleux,
Émergent du grésil des monceaux d’ecchymoses
Clarté spectrale de soleil moribond
S’époumone et s’échine à percer la mantille
De la veuve éplorée en état d’abandon
Qui sur la route tend, aux passants, sa sébile.
Nichés entre ses seins, ses enfants édentés,
Revêtus de haillons, tous porteurs d’un ulcère,
La regarde couper, en quignons émiettés,
Indigeste et rassis, le pain de la misère…
Ors anciens vermoulus, vieux livres écornés,
Draps crasseux, éculés, tentures décrépies,
Mobiliers piquetés, vêtements élimés,
Plats et couverts rouillés, verreries cramoisies…,
Vielle femme fardée assise sur un banc,
Dos courbé, contemplant l’horizon monotone,
Aux portes de l’hiver, corps flétri, sur le flanc,
La nature a sorti sa desserte d’automne…