Accrochée au plafond l’araignée insomniaque
Entrelace sa toile. Assidue et maniaque,
Elle tisse son piège, avec soin. Lentement,
Me suspend à ses fils sans aucun sentiment.
Empêtré, médusé, je divague, titube
Et suffoque encordé, confiné dans son cube.
J’ai beau crier, pleurer, je demeure captif ;
L’animal me regarde et me fixe, attentif.
Il m’effleure, me tâte, armé de ses pincettes ;
Je vois venir la mort dans ses yeux à facettes.
Sans trembler ni frémir, d’un mouvement bénin,
L’épeire, dans mon crâne, injecte son venin.
Je cherche le moyen de distendre l’étreinte
Dont je n’ai pas la clef, le désespoir m’éreinte,
Me lamine, m’élime à grands coups de rabots.
Un fantôme me nargue et me tourne le dos.
Insipide, Ma Vie Hurle vous la solitude
Et déverse sur moi des torrents d’amertume :
« Minable, qu’as-tu fait de moi, sinon du rien ?
Tu as flétri mes fruits, mes offrandes, mon bien,
Disparaît de ma vue avant que je t’empoigne ! »
La force m’abandonne et le vivre s’éloigne…