La lune, sur un fil, lentement se balance.
L’étoile vers le vide hésite et puis s’élance.
Froissements de bois morts sous des cieux éthérés,
La louve grise avance, avance à pas feutrés.
Un lièvre, nez au vent, dresse ses deux oreilles,
S’agite puis bondit sous des salsepareilles.
Une chouette hulule au cœur de la forêt.
Une biche, aux aguets, frémit dans un fourré.
D’arbre en arbre, le vent, glacé comme le marbre,
Aiguise sur les troncs le tranchant de son sabre.
Le fauve, à l’affût, guette, errant dans la pénombre,
Ces esprits fluctuants, crédules et sans nombre
Qui dérivent perdus dans un monde indistinct.
Pour durer le petit se fie à son instinct,
Il disparaît, se cache à la moindre menace
Mais perfide et cruel, le nuisible est tenace.
Dissimulé dans l’ombre il pose des appâts ;
La nature frisonne à chacun de ses pas.
Une longue rumeur agite le silence ;
Aux branches des feuillus glisse la pestilence.
En insufflant la haine au plus profond des cœurs,
C’est la mort qui s’invite au banquet des vainqueurs ;
D’un battement de cil, brusquement, le monde hurle ;
Lueur incandescente, au loin, la ville brûle…