Longuement, j’ai marché sur les berges de jade
Estampées d’incarnats, d’or ancien, de jasmin.
Verdoyants compagnons de mon cœur en ballade
De grands arbres courtois m’ont ouverts le chemin.
Des taillis, mortaisés, estampillés par l’ombre,
Émanaient des senteurs capiteuses de fleurs
Et d’humus. Bruissements discrets dans la pénombre,
Sur la rive, j’ai vu, sous des saules-pleureurs,
Sautillait l’écureuil. Une houppe s’est posée
Près de lui. Vif argent, l’animal a bondi
Sous la coiffe d’un chêne et la vie apaisée
A repris son long cours. Sous un dôme arrondi,
Entre la feuillaison, des elfes de lumière
Enluminaient les troncs de reflets chamarrés.
Calme ruban jaspé de feuilles, la rivière
Langoureuse étirait ses méandres moirés
Sous un ciel azuré. J’avais l’âme lutine,
Lascive, à demi-nue, entre deux nénuphars,
Assis, au fil de l’eau, je rêvais d’une ondine
Émergeant de son bain, avenante et sans fards…