À l’ombre des lilas grimpant en espalier,
Au bas de volets bleus nimbés de citronnelle,
Éclairé seulement par un vieux chandelier,
Je passerai, mes nuits, assis sous la tonnelle…
Sous un rayon de lune, attablé sous l’auvent,
En sirotant le vin rosé des souvenances,
J’écouterai frémir les ombres sous le vent
Et attendrai l’instant des grandes transhumances…
En regardant nymphéas, lentilles d’eau, roseaux
Danser un vieux tango sur un air d’opérette,
Sur les berges du fleuve où nichent les oiseaux,
Je cueillerai sur l’onde une plume d’aigrette…
J’irai le cœur léger, demain comme jadis,
Ramasser le bois mort sur l’herbe velouteuse.
Tout le long du jardin des envolées d’iris
Enjôleront rêveurs la rose capiteuse…
À l’heure, où au lointain, sonnera le clocher,
Je fumerai alors d’ultimes cigarettes
Et puis je partirai simplement me coucher
En effeuillant des yeux de douces pâquerettes…