Brins de laine tissés sur les rouets du temps,
Des elfes ciselés de soie et de dentelles
Enfantent chaque jour des nuées d’étincelles ;
Sous les doigts de l’hiver chantonne le printemps…
Sur la roue au zénith, l’Hermite des tarots,
Tout le long du voyage allume des lanternes
Et des souffles de vie aux arches des poternes ;
Sous la lune, la nuit, voltigent des pierrots…
Comme barque amarrée auprès d’un batardeau,
Je contemple rêveur les méandres du fleuve.
Au chant de l’hirondelle émerge une aube neuve ;
Parmi les nymphéas glissent des lunes d’eau…
Je sais de grands soleils nichés au creux des cœurs
Et des bouquets de fleurs sur les pierres tombales.
Sous les ailes du vent, tambourins et cymbales
Accompagnent en chœur de beaux merles moqueurs…
Déjà brunante tombe à la pointe du soir
Ma jeunesse s’enfuit à tire, tire-d’aile
Mais la ride embellit mon âme d’asphodèle ;
À l’ombre d’un tilleul demain j’irai m’asseoir…