Je reviens d’un pays où personne ne va
Se promener la nuit. C’est un endroit étrange.
Lorsque la lune est pleine et de couleur orange,
L’on y entend parfois chanter une diva.
Sortilège ou bien rêve, un vieil ait lancinant
Répercute l’écho venu du fond des âges.
Apparaissent ainsi des voix et des visages
Qui donnent consistance à ce monde étonnant
Où, l’au-delà, soudain, s’éveille fascinant.
Ô souvenir, ô songe inscrit dans les annales ;
J’ai vu des morts danser sur leurs pierres tombales,
J’ai respiré l’encens, les parfums émanant
D’autels où des chamans invoquaient le divin.
Guidé par des tambours, sous l’œil des coryphées,
Pensif, j’ai visité d’incroyables nymphées
Où gazouillaient en chœur des fontaines de vin.
Tandis que j’explorais l’univers souterrain,
Comme pris de vertige, aux abords d’une flamme,
J’ai senti chavirer mon esprit et mon âme ;
Des elfes m’ont alors retenu par la main.
Assis en cercle autour de moi, des farfadets
Lançaient des osselets dans un carré de cendres
Que l’on avait tracé parmi les herbes tendres ;
Attentifs, les lutins semblaient jouer aux dés.
Ils parlaient à voix basse et puis l’un d’eux, soudain
Debout, a prononcé l’oracle issu des runes.
Dans un demi-sommeil, enveloppé de brumes,
Longuement j’ai flotté vers l‘espace incertain
Où naît le sentiment de côtoyer les dieux.
Face à ces grands trous noirs qu’enfant les étoiles,
J’effeuillais le néant de ses multiples voiles ;
Sur le seuil d’une crypte enfin j’ouvrais les yeux….