Au hasard des trottoirs, de ghettos en taudis,
La misère, au matin, compte sa progéniture,
Elle fourmille à foison, jusqu’au point de rupture ;
Portes closes, nombreux, la regardent ébaudis…
Regardez ses enfants, à tout jamais perdus,
Chercher de quoi manger sur des tas d’immondices,
Ils vont sur un fil ténu le long des précipices
De notre société sur des chemins pentus…
La faim, la soif, le froid, loups aux crocs acérés,
Rongent ces malheureux pétris de solitude,
Survivre est, pour eux tous, une simple habitude ;
Seule, La mort attend ces pauvres égarés…
Ils sont ces chiens pouilleux chassés à coups de pieds,
Privés d’humanité, ces êtres sans visages
Entrevus par hasards au dos des paysages ;
Ceux qu’on laisse pourrir dans d’infâmes bourbiers…
Le regard vide, hanté, la peur du lendemain
Et de l’instant présent défleurit l’espérance,
Faméliques, blasés, ils subissent l’outrance
D’un monde indifférent ; nul ne leur tend la main…
Ô, combien d’entre nous se disent braves gens
Mais comme des prévôts, sans moindre complaisance,
Lui tapent sur la tête emplis de suffisance
Les yeux clos, le cœur sec, excluent les indigents !...