Coupable d'être née en un mauvais endroit,
De l'humaine laideur l'innocente victime,
Elle rode partout, sans ressource ni droit,
Sans cesse côtoyant, la peur, la faim, l'ultime...
Il arrive parfois, d'un bénéfique instant,
Qu’elle aborde l'espoir abrogeant son errance
Et trouve le repos simple et réconfortant,
Que d'un moment de paix vienne la délivrance...
Illuminant la nuit d'une sombre clarté,
Ange frêle aux grands yeux d'une beauté rebelle,
Elle bénit les dieux pour leur piètre bonté
Et déniche un butin au fond d'une poubelle...
Il lui suffit de peu, d'un vieux guignon de pain,
D'un petit peu de rien, d'une étoffe fanée,
D'avoir pour seul trésor un vieux sous dans la main,
Remerciant la chance, elle se sent fortunée...
Mais le monde, insensible au cycle des malheurs,
Cruel, toujours plus loin, dans les limbes la pousse
Alors, elle grandit percluse de douleurs
Et de la mort attend la terrible secousse...
Lorsque, déjà petite, elle courait pieds nus,
Et cueillait de la vie un peu du nécessaire,
Effluves de bohème aux regards ingénus,
Comme une ombre sans nom, je l'appelais misère...