Un résidu de vent, d’une frêle ridule,
Tandis que l’horizon agonise et gémit,
Sillonne les salins, la salicorne ondule ;
Féminine en cadence elle danse et frémit…
Un bosquet de roseaux, comme atteint de vertige,
Baladin de l’étang par le charme emporté,
A l’effluve céleste harmonise sa tige ;
D’une valse indolente il se grise envoûté...
Paraissant immobile un esquif minuscule
Se déhanche assoupi sur le miroir de l’eau,
Voici l’heure promise où le soleil bascule
Emportant avec lui ses dards et son flambeau…
Nimbé de sang et d’or tombe le crépuscule,
Une escadre d’oiseaux s’élance sur la mer,
Cristalline la lune ouvre son fascicule
Et des rumeurs du jour apprivoise l’amer…
Une aigrette androgyne effleure la surface
Ondoyante du flot dont le voile pastel,
D’un pas lent, langoureux s’enténèbre et s’efface ;
Sur un drap noir, la nuit installe son autel…
Silhouette effilée un héron déambule,
Sur un turban de terre ensemencé de sel,
Le cœur émerveillé, je rêve somnambule
Et perçois de la paix le souffle universel…