Sortilège immanent, la vision me submerge
Et m’emporte au-delà de l’univers conscient,
J’ai la sensation, dans un songe efficient,
De flotter vers un lieu sans assise ni berge
Où toute chose reste occulte métaphore,
Dont je dois dessiner l’imaginaire contour
Chuchoté par la voix dans l’ombre à contre-jour
De l’existant palpable aux lignes de phosphore.
L’image est là présente inscrite en demi-teinte,
Elle s’impose à moi, m’obsède, me nourrit,
Je dois lui donner corps, fébrile mon esprit
Se dédouble, et divague amoureux d’une empreinte…
Résonnance d’un monde invisible, le rêve
Superpose au réel la trouble identité
Du paysage qui, dans l’intimité,
Me dévoile son cœur échoué sur la grève…
L’apparence s’estompe, apparaît l’impalpable
Nature mise à nue et le souffle caché
De la vie existante illustrant le cliché,
Simple évocation de la chose immuable
Qu’aperçoit l’œil profane insensible au rivage
Dont mon âme transcrit le murmure essentiel,
Dépouillant les mots de leur sens matériel,
J’écoute résonner l’allogène langage…