Il contemple du ciel le noir et lourd couvercle
Et devine l’espace au-delà du rideau,
Tous ces astres cachés que la nuée encercle
Et s’envole vers eux son rêve pour radeau…
Il regarde le fleuve imperturbable et sombre,
D’un rondin de bois mort imagine un chaland
Et peuple le cours d’eau de bateliers sans nombre
Sur les traces desquels voltige un goéland…
Il se penche sur l’homme et déchiffre son âme,
Même au sein des laideurs il trouve la beauté,
Du charbon calciné ressuscitant la flamme,
De l’amour il pressent l’universalité…
Lorsque la vision interpelle son cœur,
D’une image inédite il griffonne un poème,
De la mort et du temps l’utopique vainqueur,
Il compose son œuvre affranchi de lui-même…
Comme le mendiant fouille dans les poubelles
Et découvre un objet plus précieux que l’or,
Le poète, estimant toutes choses plus belles,
Transforme d’un regard l’immondice en trésor…