Le délire, envoûtant, de l’herbe énigmatique
Etreint ta volonté d’un écrou fantastique,
Tu planes, vaporeux, sans voir venir le mal,
Esclave du besoin, tout te semble normal…
L’esprit enrubanné de fragrances mystiques,
Tu glisses, lentement, vers des lieux hermétiques,
Au delà du réel, tu confines tes peurs
Et recherches l’oubli sur l’aile des vapeurs…
Ignorant les méfaits du venin séculaire,
Egaré, dans l’ailleurs, tu te perds solitaire,
Lorsque l’aube parait, tu fuies le sol natal,
Et brûles des encens de musc et de santal…
Les fleurs de l’orient ont des parfums perfides
Tu flânes méjugeant les souvenirs lucides,
De l’aile des senteurs s’estompe le plaisir,
Ne reste de l’Eden qu’un terrible désir…
Te voici parvenu tout au fond de l’impasse,
La tourmente se lève et ton rêve trépasse,
Djinns spectraux, exsudés par d’obscurs laminoirs,
Virevoltent dans tes yeux de grands papillons noirs…
Quémandant, ta pitance en des bouges sordides,
Le manque te poursuit de ses souffles fétides,
Sous le nœud des douleurs, ton espoir c’est brisé…
Entre deux cauchemars, tu titubes grisé…
L’impitoyable soif a tari l’éphémère,
Pour un maigre festin, tu tuerais père et mère,
Tu tombes dans l’aven somnambule et hagard,
D’incandescents brassiers aliènent ton regard…
La fièvre sur ton front est une corde ardente,
Inhalant le poison d’une lèvre tremblante,
Tu supplies larmoyant un répit passager,
Un instant de repos, à ce monde, étranger…