J’entends vociférer dans mon dos l’arrogante
Certitude sans nom, la bêtise intrigante
D’un siècle dévoué tout entier au profit ;
D’exalter l’illusoire il se nomme maudit !
Le cœur gonflé d’orgueil, nouveau riche impudique
Le vulgaire parade et célèbre ludique
Le vice et puis le crime et pire la fadeur,
Il est vrai que pour lui l’argent n’a pas d’odeur…
Nous vivons dans un monde atteint de convoitises,
Les hommes comme l’art ne sont que marchandises,
Tout s’achète et se vend ! Même le désespoir
Se monnaie à crédit sur le coin d’un comptoir.
Poète émancipé des vastes servitudes,
Ne pouvant accepter les viles attitudes,
Je récuse, insurgé, les sombres boniments
D’une caste infirmant les nobles sentiments…
Plutôt que de me taire à l’abri de mes larmes
Je façonne les mots pour en faire des armes
Et pourfend l’arbitraire et son obscénité.
Que m’importe l’exil et son iniquité ;
Je ne suis pas de ceux, de faible consistance,
Qui supportent l’injure avec joie et constance
Même dépenaillé je relève le front
Et j’efface d’un vers l’impudeur de l’affront.