Des mes égarements, j’établis l’inventaire,
Dans mon cœur, tout est froid, d’une maigre couleur,
Sur d’ennuyeux chemins je rode solitaire,
De mes rêves d’enfant j’ai perdu la chaleur…
J’arpente le ruisseau d’une morte mémoire,
De ci de là glanant de pauvres sentiments,
Je rumine sans fin toujours la même histoire,
Je me perds, je me noie en de vains boniments…
Poète, que nenni ! Dérisoire, ma rime
Ne fait que maquiller ma besogneuse humeur,
Sous mes airs affectés, sans talent, je m’escrime,
Emphatique, j’accouche une piètre clameur…
L’étroitesse d’esprit, lentement, m’empoisonne,
Il n’est point de regards qui me soient superflus,
Je ne sais plus parler de l’herbe qui frisonne,
Dites-moi la beauté que je n’entrevois plus…
…………………………….
Etranger à ces temps corrompu par l’image,
J’avive les couleurs de l’encre sur la page,
Fragments épars d’émois rapiécés par hasard,
Mots écrits, délivrés, défeuillés du regard,
Souvenirs imparfaits allaitant ma mémoire,
O ! Livre inachevé, conte moi mon histoire…