Les membres atrophiés
Le hasard pour destin
Le regard terrifié
Et l’espoir prisonnier
Au mépris condamné
Sans avenir ni présent
J’arpente la vie
Tremblant à chaque instant
Ce n’est pourtant pas un crime
D’avoir le corps mal né
De devenir infirme
Ce n’est pourtant pas laid
De ma seule apparence
S’installe le silence
De ma seule présence
J’enfante l’absence
Pas facile d’être
Un homme singulier
Simplement d’apparaître
Dans la vie différent
Alors vient l’habitude
Des sourires narquois
La profonde solitude
De ne savoir pourquoi
Puis vient la servitude
La gêne pour compassion
La triste amertume
Et sa fausse attention
Les gestes de pitié
Les yeux qui autrement
Me regardent curieux
Me blessent d’un regard
J’éprouve en mon âme le regret
De ne point paraître
De ne pouvoir simplement exister
Comme je voudrai être…