Très souvent, le facteur vient volontiers me voir,
Un signe de la main parfois même une lettre,
Quelques mots échangés, simple amitié peut-être,
Puis joyeux il repart assumer son devoir…
Murs blancs au surplomb d’un rivage bleuté,
Modeste et de plain-pied, au creux du paysage,
J’habite une cahutte à l’écart du village
A sa porte le temps semble s’être arrêté…
Les natifs du pays me disent exilé,
S’ils savaient, je souris d’écouter les histoires
Qu’ils racontent sur moi, j’en ai plein mes armoires
Mais n’en suis pour autant nullement désolé…
A l’heure où l’horizon allume son brasier,
L’or, le pourpre et le bleu s’unissent pêle-mêle,
Je regarde apaisé l’aurore originelle,
Assis sous la tonnelle, à l’ombre d’un rosier…
Un parfum de moka flotte sur le perron,
Tout autour un enclos nimbé de baies sauvages
Et puis plus bas la vigne effleurant les rivages,
Tapi dans l’herbe folle un chat fait le dos rond…
Fugaces bruissements de pas dans la maison,
En chemise de soie une femme s’éveille,
Son sourire nouveau chaque jour m’émerveille,
Avec elle, la vie est un bien doux tison…
C’est ici mon amante entre le ciel et l’eau,
Quand nous buvons le vin les yeux pleins d’étincelles,
Que nous tissons le soir des voiles de dentelles
En nourrissant le rêve, ensemble, à fleur de peau …