Quel que soit ton pays, la couleur de ta peau,
Ton ciel, ton continent, ta langue, ton drapeau,
Âme des favelas, enfant des bidonvilles,
Sur un lit de gravas revêtu de guenilles,
L’on t’a donné la vie et désigné du doigt,
Tu seras condamné sans raison ni pourquoi.
L’on t’a donné la vie et volé l’espérance
Et puis l’on a gravé sur ton front la souffrance.
L’on t’a donné la vie en un cachot étroit,
Pitoyables sont les rois dont tu subis la loi !...
L’on t’a donné la vie et servi la famine,
Le pain noir des forçats rongé par la vermine,
L’on t’a donné la vie et pour seul horizon
Le terrible soleil qui crame la moisson,
L’on t’a donné la vie en un taudis immonde
Et puis laissé périr à la marge du monde…
Bien des gens sont passés près de toi sans te voir,
Ont détournés les yeux te laissant dans le noir,
Bien des gens sont passés témoins de ta détresse,
Complices sont partis sans un mot de tendresse,
Bien des gens sont passés contemplés ton malheur,
Visiter ta misère, observer ta douleur,
Le temps d’une photo stupéfaits mais pas tristes,
Bien des gens sont passés simplement en touristes…