Tout au fond d’un couloir, en d’étranges maisons,
Il est des escaliers, qui, comme des impasses,
Ne débouchent sur rien d’autres que des prisons ;
Là restent à jamais closes des portes lasses…
L’oreille à leurs battants, le cœur désemparé,
Dans la pâle clarté des jours et des nuits sombres
Où bruissent les secrets, j’écoute soupirer,
À mi-voix sangloter, le chuintement des ombres…
Au bord d’une étagère, un vieux livre écorné,
Une main en caresse, une à une les pages,
Ainsi passe le temps, le temps désincarné
Dont seule la mémoire esquisse les visages…
Accrochés sur les murs, la pierre ou le torchis,
Souvenirs délavés, des images troublantes,
Des cadres, des photos, des spectres défraîchis
Frissonnent, tremblants, dans la lueur des lampes…
Chevrotantes, des voix, d’un murmure parfois,
Comme des disques rayés, ressassent, monotones,
Le lancinant refrain d’une chanson d’autrefois
Que reprennent en chœur d’antiques gramophones…
Sur de profonds sofas aux velours safranés,
Sirotant du thé froid aux arômes fadasses
Et brûlant de l’encens, des parfums surannés,
Des êtres égarés survivent têtes basses…