Nourri par ma conscience, à qui voulait l’entendre,
Haut et fort, je disais les mots consensuels,
Ceux qui dans l’air du temps semblaient universels,
Balayant les sujets sans même les comprendre…
Certes de bonne foi, je clamais mes critiques
Mais j’occultais de fait certaines vérités
En demeurant aveugle à ces réalités
Que je ne voulais voir au nom des grands principes…
De toutes les laideurs les tenant responsables,
De mille lieux communs, étayant mes propos,
Sans gloire ni périls enivré par les mots,
J’allais le doigt pointé désigné les coupables !...
Tandis que je bramais ma révolte bourgeoise,
Exaltant l’humanisme et hissais le drapeau
Des gens bien pensants en suivant le troupeau
Des intellectuels soudain, douce et narquoise,
J’entendis une voix résonner dans ma tête :
« Toi, l’homme préservé des soucis quotidiens,
Tu donnes des leçons et cries avec les chiens,
D’être l’un de ceux là ; tu me déçois poète ! »