Depuis la nuit des temps, depuis la nuit première,
Muni d’un arc tantôt, tendre et courtois, seigneur
Ou cruel prédateur en habit de lumière
Nimbé d’ombres, musarde un habile chasseur…
Immolés, sur l’autel, misérables trophées
Palpitants dans la main de cet archer moqueur,
Les êtres suppliciés, délaissés par les fées,
S’enivrent du venin qu’il distille en plein cœur…
Ses victimes sont là, comme des coques vides
Echouées sur le sable, émues sur le carreau,
Elles crient en silence et attendent livides,
Juste un geste, un regard, entichées du bourreau…
Criminel endurci, blasé, sans état d’âme,
Ne laissant derrière lui qu’un sourire narquois,
Lorsque l’amour s’en va sans bagage ni flamme,
Meurtrissure et couteau sont faits du même bois !...