Qu’importe si mon rêve émerge insaisissable
Et livre son empreinte aux caprices du sable,
D’outrepasser le souffle émanent du trépas
J’en tisse la voilure à chaque nouveau pas.
À toute heure l’espoir au clocher carillonne,
Libre d’imaginer ma plume tourbillonne,
Un sourire, une rose, une offrande du ciel
Et je sème les mots comme des grains de soleil
Qui font parler les murs aux pourtours des venelles
Et se grisent du vent effleurant les tonnelles…
Qu’importe si le temps assèche l’encrier,
Je puise dans la foi la force de crier,
D’un hymne ou d’un poème, étripant tous ses vices,
Je dessine le monde au gré de mes caprices.
Ici, je donne forme aux êtres délaissés
Qui rodent en silence aux abords des fossés.
D’une image, là-bas j’éveille un paysage,
Je vais, je viens, je chante et danse sous l’orage.
Entiché d’une étoile à chaque instant du jour,
Je consume ma vie au bûcher de l’amour…
Qu’importe si le feu calcine ceux qu’il touche,
Je baise et mord la vie à pleine et grande bouche,
Éclaboussures d’encre au verso d’un buvard,
L’espace se dilate et s’épanche bavard,
Se dévoile niché au creux des métaphores
Dont la poésie emplit les secrètes amphores.
D’un verbe, je suspends le cycle des saisons
Et recouvre l’hiver de vertes floraisons.
Éveilleur d’infinis, roi des métamorphoses,
Je peins avec des mots l’âme et le cœur des choses…