Une chambre, un cercueil, une femme allongée,
Le corps froid, étrangère incarnant le malheur
Qui me broie et me tord et pétrit ma douleur ;
Ignorant ma colère elle reste figée
Et me laisse orphelin sans un mot pour lui dire
Mon sentiment de perte et cet amour rageur
Qui de ses poings d’acier estampille mon cœur
Et martèle un « je t’aime ! » Impossible à transcrire…
Fenêtre et volet clos l’univers se dérobe
Et le vide m’attend dès l’éveil au matin,
Rien ne vient éclairer les contours du chemin
Seul l’ennui m’engloutit dans les plis de sa robe
Et pourtant je sais bien qu’il existe une porte
Ouverte sur l’ailleurs, J’en possédais jadis
La clef, rêve incertain disparaît l’oasis,
J’ai perdu le sésame et rejoint la cohorte
De ceux qui, l’esprit las, restent assis dans l’ombre
De la lune en rêvant à cet astre lointain
Qu’ils ne peuvent toucher en étirant la main ;
Ainsi passent les jours noyés dans la pénombre…
Il pleut, le ciel est gris et mon âme est amère,
Entre quatre murs blancs le visage atterré,
Quand j’ai baisé son front le cœur désespéré
A jamais clos j’ai vu les yeux bleus de ma mère…