Elle frisonne au bruit du pas dans l’escalier
Et retient un sanglot, ne pas laisser paraître
La moindre émotion, trop aviné peut-être
Ira-t-il se coucher sans même l’humilier...
Il est devant la porte, ivre sur le palier,
Elle tremble, la peur revient inaltérable,
Que faire, se cacher ? Elle se sent misérable
Suspendue à la sombre humeur de son geôlier…
Soudain dans le couloir un juron familier,
Ne pas le provoquer, immobile se taire,
Surtout baisser les yeux, subir, le laisser faire,
Lui montrer des égards, toujours le remercier…
Il entre, la regarde et se met à crier
En guise de bonsoir, c’est ainsi, rien ne change !
Lui servir à dîner sans lui sembler étrange :
En esclave fidèle à sa loi se plier…
Et puis attendre encore, appréhender le pire,
Les yeux clos de dégoût répondre à son désir,
Violée, outragée alléguer le plaisir ;
Se laver longuement cracher l’air qu’il respire…
Sentir au fond de soi la force de partir,
Avoir la paix, puiser un reste de courage,
Dégrafer son corset au monde hurler sa rage ;
Trouver la liberté simplement de mourir !…