Adolescent fugueur, j’ai dormi dans des caves,
Les couloirs du métro, sur des bancs, sous des ponts,
Côtoyé des clochards couchés sur des cartons,
J’ai conjuré la faim et bien d’autres enclaves…
En des gouffres sans fond, j’ai vu tombé mes frères
D’infortune, échinés, découragés, minés
Par la drogue et l’alcool. Vaincus par ces vipères
Bien trop nombreux sont ceux à jamais aliénés…
J’ai du serrer les poings pour simplement survivre,
Parfois aussi me battre au bord de l’abandon
Pour de pas déraper sur des plaques de givre
Et dans un caniveau m’allonger, moribond…
J’ai connu le mépris, le froid, l’indifférence,
La misère de ceux qui ne possèdent rien
Mais aussi la chaleur de ces gens dans l’errance
Qui partage le peu qu’ils ont au quotidien…
Je n’ai pas oublié, fidèle à mon histoire,
Le mal-être engendré par la précarité,
Les ans de pauvreté conservés en mémoire,
De notre société l’indigne absurdité…
Toujours les mêmes mœurs, l’injustice m’insurge,
Pour que naisse le temps de la fraternité,
Il faudra bien qu’un jour le ciel enfin se purge !…
Tout simplement humain, chagriné, révolté,
Je ne peux oublier les douleurs, la souffrance
Des ombres que le monde enfante sans pitié,
J’en sais la solitude et la désespérance
Le manque et le besoin d’amour ou d’amitié…