Même si elle sait qu’elle devra plus tard
Subir le poids abject d’hommes ivres sur elle
Et feindre le désir, faussement sensuelle
Pour quelques billets se vendre au lupanar…
Héroïne d’un soir dans ce bar malfamé,
Sous une clarté blafarde, improbable danseuse,
Elle exhibe son corps, vulgaire et aguicheuse,
Et provoque à dessein le regard affamé
Des êtres concupiscents qui la mange des yeux…
Galante en bas de soie ondoyante et féline,
A dessein allumeuse, elle prend pose câline
Et s’effeuille avec art grisant les envieux…
Exaltant d’un tango le trouble sentiment,
Plus femme que perverse inventant le blasphème,
Elle semble caresser la musique elle-même
Et mépriser le jeu dont elle est l’instrument…
Parmi les débauchés qu’elle prend pour des dieux,
Elle se moque soudain du quotidien rebelle,
L’espace d’une danse elle s’affirme belle
Et s’imagine reine adulée en ces lieux…