L’homme sur la photo debout près de la table,
Tu sais je l’ai, jadis chaque jour côtoyé,
Il m’a volé l’enfance et tenu responsable
D’être ce qu’il était pourquoi m’apitoyer ?...
Certes j’en ai souffert, sans en faire une histoire,
Je ne comprenais pas la cause ou la raison
De tous ses partis-pris dont j’étais l’exutoire,
Lorsqu’il était ainsi miné par la boisson
Peut-être noyait-il, tout au fond de son verre,
Ses regrets, son chagrin, je n’étais qu’un gamin
Et j’ai payé le prix de son humeur sévère,
Parfois c’était l’enfer, ce n’était pas bénin…
Face à tous ses griefs trop souvent délétères,
Je plaide coupable et je vous en fais l’aveu
Adolescent, j’ai eu d’innombrables colères
Qu’il m’a fallu dompter pour en vaincre le feu
Malgré tout, aujourd’hui, j’ignore la rancune,
Je vous le dis, parfois, revoyant son chemin,
Je me suis demandé sans lui chercher d’excuse :
Etait-il malheureux les soirs de mauvais vin ?...