Revêtu d’une antique armure bosselée,
Un casque sur la tête, une lame effilée
A la main, je parcours les plaines et les monts ;
Guerrier d’un autre temps je combats les démons
Depuis plus de mille-ans. Des compagnons fidèles
Me suivent sans broncher aux pieds des citadelles
J’en ai tant vu périr décimés par le fer
Que je ne sais combien n’iront pas en enfer ;
La victoire a le goût amer de la défaite,
De la mort, j’ai baisé la bouche contrefaite…
Tant de femmes, d’enfants et d’hommes innocents
Courbent l’échine face aux bourreaux indécents
Et tant d’autres vaincus connaissent la souffrance,
Tant de corps éventrés dans la désespérance,
De goulags, de charniers sur le bord du chemin,
De cadavres laissés en marge du destin…
En ton nom liberté combien de tortionnaires
Ont conquis le pouvoir aidés de mercenaires…
Trop de crimes commis, rouges sang nos drapeaux
Pendouillent dans le vent comme de vieilles peaux,
La foi ne suffit point à compenser la perte,
Plus j’avance dans l’âge et plus l’aube est déserte…
O ! Dieu de miséricorde, allégez mon fardeau,
Que la terre s’entrouvre et me donne un tombeau
Où je pourrai dormir en oubliant le monde,
Mon cœur est fatigué de côtoyer l’immonde…