Lorsque la solitude allonge ses vertèbres,
Qu’elle vous crucifie à grands coups de marteau
Et dans le cœur vous plante, aiguisé, son couteau,
Des fantômes, la nuit, empèsent les ténèbres…
Quand son étau vous tient sur son lit de misères,
Qu’il vous concasse l’âme à la faire gémir
Jusqu’au point de rupture, elle vous donne à vomir,
Tourmenté, gangréné par de mauvais ulcères…
Lorsqu’elle vous emprisonne au tréfonds d’une impasse
Qui sur vous se referme inexorablement,
Tel un vieux chien fidèle atteint d’épuisement,
Sans ligne d’horizon la volonté s’efface…
Quand vous restez proscrit devant les portes closes,
Que l’esprit tourne en rond sans pouvoir se poser,
Qu’aucun souffle de vent ne vient vous apaiser,
La vie est insipide et pleine de nécroses…
Quand le silence tombe aussi lourd qu’une enclume,
Quand l’esprit déraisonne et se met à parler
Aux ombres sur les murs au point de les frôler
Du regard, un bruit de pas bruisse à titre posthume…
Lorsque l’espoir se pend à des vapeurs d’absinthe,
Qu’il cherche dans son verre une main à serrer,
Le spectre d’un sourire afin de vous leurrer,
Vous parcourez sans fin le même labyrinthe…
Quand sur la table reste, ébréchée, une assiette
Sans hôte ni convive, un grand voile d’ennui
Vous ôte toute envie et l’appétit vous fuit,
Comme un guignon rassis l’existence s’émiette…