Ma tête est une enclume, un lourd marteau résonne,
Sous le poids du bourdon le pensum est pluriel,
Je brûle, je transpire, au clocher minuit sonne,
Malgré moi je plonge en un mauvais sommeil…
Sur un radeau boueux la fièvre me submerge,
Je tourne, je m’agite et flotte entre deux eaux,
Je n’ai pas l’esprit clair, je ne vois pas la berge,
Mon corps est vermoulu, broyé par deux étaux…
Corrosif, le charbon lentement me consume,
J’ai beau fermer les yeux, je ne peux m’échapper,
Incandescent le feu déverse son écume,
Dans un bain de sueur, je m’éveille tremper…
Objet de ma torpeur, lancinante, une dague
Me cloue à l’oreiller, dans mes tempes, le sang
Palpite douloureux, tandis que je divague
Dans les limbes son flot bouillonne assourdissant…
La fatigue m’étreint dans son manteau de brume
Je voudrais m’endormir sous des draps de satin,
En parcourant la nuit, à l’ombre de la lune,
Dans les bras d’une femme attendre le matin…