A l’écart de la foule et des clameurs hostiles
Juste un banc défraîchi comme oublié des gens
Vers lequel, trop souvent, se tournent versatiles
Des regards étrangers. Certains sont négligents,
Indifférents, lointains, bizarrement sans âme
D’autres, désobligeants, dès le premier coup d’œil,
Me jugent véhéments et d’un retour de flamme
M’agressent lâchement, me toisent plein d’orgueil
Et me refusent le droit d’exister dans leur monde…
Leur monde gangréné jusqu’à l’os, je m’en fous !
Ils peuvent le garder rien que pour eux l’immonde,
De les voir s’agiter, je me dis qu’ils sont fous.
Dans leur monde il n’y a pas d’amour, de justice,
C’est un égout puant où les rats font leurs nids,
On t’y ronge le cœur, le foie avec délice
Et ceux qui ne sont pas comme eux crèvent maudits,
Contre richesse et gloire, ils marchent sur leurs frères
Et se pavanent fiers affichant leur dédain
Pour tous ceux que la vie accable de misères
Et laisse dans le vide en marge du destin…
Passez votre chemin, je resterai docile,
Va-nu-pieds et sans nom, allongé sur le flanc,
Je n’ai rien demandé, qu’on me laisse tranquille ;
J’attends juste la mort avachi sur un banc…