Franchissant la frontière à pas de loup sans bruit,
Le visage grimé des couleurs de la guerre,
Dans la ville endormie ils sont venus la nuit
Etriper de leurs dents les espoirs de naguère…
Inutiles sillons éprouvés par mon cœur,
Comme roses à peine écloses sur mes lèvres,
Les mots n’ont pas d’échos, le non-sens est vainqueur,
Au loin un chien aboie et mes rêves sont mièvres…
Interné dans Gaza l’un dit que c’est l’enfer,
Cloîtré dans une cave un autre, à genoux pleure,
Sa maison dévastée, un ouragan de fer
Déferle sur la ville et ce n’est pas un leurre…
Frêles fétus de paille emportés par le vent,
Souvenances enfants décimés par l’orage,
Les soldats, les démons, ils reviennent souvent
Maraudeurs des bas-fonds animés par la rage…
Que de maisons en ruine et que d’agonisants
Allongés sur le sol nourrissant la charogne…
Quand tombe la poussière assis près des gisants,
L’envahisseur au matin contemple sa besogne…
Souffles d’encre à mi-voix doucement déposés,
Chuchotés sur la page, un oiseau s’envole,
Allongés sur le sol maints petits corps brisés,
Longuement sans un cri le silence résonne…