Sur un banc du collége, aux pourtours du destin,
Hasard d’une rencontre, un maître et puis un livre
M’interpellent soudain, me disent le chemin
Du sensible et du beau, du vouloir et du vivre…
Fulgurance, évidence, un univers nouveau
Se révèle et s’éveille au milieu des décombres,
Soupir en toute chose, intime, à fleur de peau,
J’entrevois l’invisible à l’infini des nombres…
J’écoute chuchoter les voix venues d’ailleurs,
Les ombres sur les murs qui peuplent le silence
Et les êtres cachés, ces secrets d’orpailleurs
Enluminant le monde à chaque résurgence…
J’entends le blé germer, les pierres frissonner
Sous le souffle du vent, le bruissement des flammes
Assoupies sous la cendre, exalté, fasciné,
Condisciple, j’apprends le langage des âmes…
Enfant prodige, fils de ces autres en moi,
À l’âge de treize ans, plus tout à fait le même,
En quête d’absolu, tous les sens en émoi,
Il me semble être né sur les mots d’un poème…