Tailleur et bas de soie, elle marche dans mon ombre,
En cadence, son pas martèle le pavé.
Je frémis. Dans mon cou son souffle dépravé,
Aiguisé comme un dard, m’invite au désir sombre
De franchir la limite inscrite en majuscule
Dans la mémoire humaine. Éludant l’interdit,
Je pivote vers elle en quête d’inédit,
Dans un gouffre sans fond ma conscience bascule…
Elle est là, devant moi, proche et pourtant lointaine,
Ténébreuse une flamme embrase ses yeux noirs
Et m’incite à me perdre en ses troubles miroirs
Mais je ne sais que dire à cette femme hautaine…
Grisé par son parfum je sens venir l’ivresse,
Me laissant suspendu, pitoyable et hagard ;
Echancré son corsage enjôle mon regard
Qui n’ose, en son sillon, déposer sa caresse…
Sans même en avoir l’air, sa brune chevelure,
D’une valse aguicheuse, effleure doucement
Le verso de mes doigts attisant brusquement
De l’amour retenu la sublime brûlure…
Mais voilà que soudain, elle tourne la tête,
Sur sa lèvre pulpeuse un sourire étonné,
Elle regarde ailleurs et me laisse benêt
Sur le bord d’un trottoir guigner sa silhouette...