Lorsque douce, l’ivresse exalte la gaité,
S’estompent les soucis, le quotidien s’efface.
Soulagé des fardeaux, l’esprit fait volte-face
Et s’envole léger loin de l’hostilité
D’un monde indifférent à la difficulté
D’être ; l’homme affabule et fait de longs voyages...
Nourrit par la chaleur du fruit et ses alliages,
Il transforme à son gré l’âpre réalité ;
Lui-même et pourtant autre il peuple l’horizon
De ses rêves cachés. Le présent se dilue
Tout au fond de son verre, ailleurs il évolue
Et d’inventer sa vie, il se donne raison…
A cette table assis, de le voir s’aviner,
S’il en est parmi vous qui ne peuvent comprendre,
Plutôt que de juger, trinquez sans plus attendre,
Sans excès dégustez le vin tout juste né !
Epicé, sentez-vous l’embrasement charnel
S’irriguer dans vos corps, l’immanente allégresse
Qui vous prend dans ses bras. Grisés par sa tendresse,
Goûtez-vous de l’instant le plaisir fraternel !