Perverse, d’un sanglot, suspendu dans le soir,
Sur la chair, l’araignée aiguise son rasoir,
D’une toile en étoile encorde tout l’espace,
Altéré, le silence en conserve la trace…
Fourbe, l’anxiété corrode les esprits,
Chacun de ses regards affile le mépris,
Apocryphe, son œil fonde la défiance,
Acerbe, son relent use la confiance…
L’épaule de la nuit s’adosse à la douleur,
Complices du fléau, des vapeurs sans chaleur
Dispersent les cendrons de l’âme prisonnière
Et…, des larmes de sang épousent la poussière…
La faucheuse conçoit de sanglants corridors
Là, s’entassent des corps aux pieds des miradors,
Tout le long du chemin court la plaie adipeuse,
Le destin déguerpit comme une ombre peureuse…
D’une maigre existence, interdit…, esseulé,
L’amour est une proie, un rêve émasculé,
On prétend que la guerre est un mal nécessaire,
Qu’il nous faut conquérir…, qu’importe l’adversaire… !
De granit ou de bois l’homme usine sa croix,
L’ostracisme pour loi…, l’humanité décroît
Oublieux du charnier…, la conscience factice,
Nos verbes sont muets pour clamer l’injustice…
Les peuples, tourmentés, s’observent sans bonté,
Tangible, la frayeur maintient l’opacité,
Sur les corps, la douleur burine son empreinte,
L’horrible, d’un lacet, en resserre l’étreinte…
Au faîte de sa gloire, écoute l’orateur !
Le terrible propos du cynique écorcheur,
La bête a fait son nid sur un terreau fertile,
Il dit que la torture est une épreuve utile…
Alors, l’homme, échiné, fatigué de marcher,
S’alite, exténué, bien trop las pour prêcher,
La parole se meurt percluse de souffrance,
Souveraine, la peur répand l’intolérance…
Son écho terroriste exalte le brassier,
L’allégresse et la paix détalent du rosier,
Il pleut de la rancœur, survient l’onde sournoise,
Sinistre est la saison, d’une effroyable ardoise…
O ! Misère pardon, la haine est un poison,
Rien ne peut abolir sa farouche prison,
Otage, torturé par la main mercenaire,
Agonisant le cœur respire solitaire…
Mais de l’âme subsiste un clandestin accord,
Le chant des opprimés possède ses voix d’or
Et tant que l’espérance aura des yeux de femme,
Aucune adversité n’en éteindra la flamme…
……………………………
Chaque aube nouvelle,
Est une miette d’espérance,
Chaque matin calme
Est un instant intense,
Chaque heure de paix,
Sans patrie ni frontière,
Est une illusion précaire…