Même si mon œuvre est de maigre qualité
Indigne de survivre à la postérité
Que Dieu m’en soit témoin, en toute circonstance
Fidèle à l’idéal, j’aurai de la substance
Poétique nourri la musicalité
Et trimé sur l’ouvrage en quête de beauté…
J’aurai dans la douleur, au nom de l’excellence,
Tout au moins dans mon art, fait preuve d’exigence
Et respecté mon vœu d’en parfaire le fond
Autant que la forme et l’esprit profond.
Ainsi j’aurai, toujours, avec persévérance
Œuvré, par le travail sans moindre suffisance,
Pour que ma poésie effleure l’éminent,
L’ineffable et transcrive au plus près l’immanent,
Ces univers cachés côtoyant l’invisible
Qui chuchotent tremblants aux sources du sensible.
Du mystère, j’aurai courtisé la clarté,
Du verbe originel cherché la vérité,
Le lien universel animant toutes choses,
Le secret de la vie et ses métamorphoses…
Egalement poète insurgé, révolté
Contre toute injustice, avec intégrité,
Unissant la parole à l’acte nécessaire,
Prônant l’égalité, Caïn comme adversaire,
J’aurai prêté ma voix à tous les innocents
Victimes du despote et ses laquais indécents.
J’aurai combattu l’infâme et la misère,
Dénoncé sans faillir les vertus de la guerre,
De la corruption, du pouvoir, de l’argent ;
Ce que l’homme produit d’ignoble et d’indigent
Et plus encore, loué l’offrande du partage,
Sans couleur ni frontière, et même d’avantage :
Déclamé fort et clair l’amour, la liberté
Et brandi l’étendard de la fraternité !