Aux premières fraîcheurs d’octobre, vent d’automne,
Prémices de l’hiver, affûte ses couteaux
Dont l’arbre ébouriffé, feuille à feuille, s’étonne.
Colverts et bois flottés musardent sur les eaux…
Octobre au teint de braise, ouvre son opuscule,
S’exalte des senteurs d’humus et champignons
Chancis. À pas de loup, tombe le crépuscule.
La nature s’effrite en pelures d’oignons…
Des nuées de coton toupillent. Gris ardoise,
Le ciel, sur les jardins, dépose ses manteaux.
Marquetées de jasmin et mouchetées d’armoise ;
Ses dentelles de soie, effrangent les coteaux…
Feuillages gangrenés, piquetés de mitraille,
Tapis d’herbes jaspé de sang, de rouille et d’or,
Ultimes flamboiements que la grisaille assaille,
Enfantant le printemps, la nature s’endort…
Un violon sanglote un vieil air de bohème,
Les fleurs comme les cœurs en frissonnent d’émois,
Arabesque de craie, estampe d’un poème,
Le souvenir s’affole et glisse sous les toits…
Effluves surannés de rose et d’ancolie,
J’apprivoise des yeux un oiseau migrateur.
Dans les rues, et partout flottent la nostalgie
Et son aile m’emporte, au loin, vers l’équateur…