J’aime sentir captifs les regards envoûtés
Se poser sur ma robe et contempler sa trame
Où des reflets nimbés d’ambre et sombres clartés
Jouent avec la lumière enluminant ma larme…
Affleurant sur les bords du cristal biseauté,
À qui sait entrevoir les contours de mon âme,
Là, dans les yeux soudain mon étrange beauté,
Se révèle à celui qui décrypte ma flamme…
Ce que l’œil prophétise, exalte les senteurs,
Les arômes subtils de ma terre natale,
Des limons argileux j’ai reçu les faveurs
Dont l’odorat perçoit l’ampleur sentimentale…
L’amalgame fleuré sublime l’horizon
Du nez qui sous l’emprise évidement vacille
Sur l’aile des tanins octroyant à foison
Les parfums éthérés que mon souffle distille…
Puis vient l’instant béni, de l’amer au sucré,
J’épouse de mon corps liquide, toute entière,
La bouche, mâchouillé d’amoureuse manière,
Je révèle au palais mon univers secret…
La richesse complexe enfantée avec soin
De ma chair liquoreuse excite les papilles
Et donne consistance à ces maintes grappilles
Qui comblent du plaisir l’ineffable besoin
Longuement attendu par les sens aiguisés
De l’homme qui le verre à la main détermine
De mon identité le caractère intime,
J’éprouve le bienfait des désirs apaisés…
Sous le charme présent, extase et volupté
Délivrant ma chaleur d’une douce caresse
Tissent en chœur la joie immanente à l’ivresse
Pour laquelle, je suis, moi le Vin, adulé…
Prodige arrive enfin l’émérite union ;
Je coule dans la gorge et de mon sang j’inonde
Le corps de l’être aimé qui, délivré du monde,
Vacille sous l’effet de la communion…