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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 14:44

Un ombre grise plane au-dessus de Carthage,
Les barbares ont peint ses minarets sans âge.
Sur les quais, dans le port plus même un brigantin
N’appareille. À genou, la parole s’éteint !
Les prophètes sont morts, l’enclume du silence
Étouffe la cité. Comme une pestilence,
L’interdit se propage et les songes brisés
Sont foulés, piétinés par des geôliers blasés.
Tête basse, échiné, dos courbé face aux armes,
Le peuple dépité n’a plus assez de larmes
Pour geindre et sangloter sur ses espoirs trahis ;
Brigands et scélérats les ont anéantis.
Palpable, la frayeur suinte des casemates,
Leurs murs, naguère blancs, en portent les stigmates…
Symboles de splendeurs broyées au laminoir,
La balance est faussée. Édenté, le lion noir,
Ensanglanté, meurtri lâche son cimeterre.
Capitaine et marins ont jeté sacs à terre.
Ossements de bois morts corrodés par le sel,
La galère punique a rejoint l’Éternel.
Sur la laisse de mer, échoué sur la grève,
Papillon éphémère, agonise le rêve…
Les roses de Tunis ont l’acide saveur
Des lendemains déçus, il n’est point de sauveur ;
Lueur blafarde errant le long des réverbères,
La liberté s’essouffle aux pieds de ses cerbères…

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10 décembre 2014 3 10 /12 /décembre /2014 14:18

À l’heure, où mon cœur, nostalgique, lambine
Sous un souffle de vent versatile et taquin,
Sur les pavés mouillés, le long de la robine,
Cotonneuse, la nuit étend son baldaquin….

Diaphanes clartés, sous de vieux réverbères,
Des elfes nébuleux lutinent chagrinés.
Le long des parapets, improbables cerbères,
Barques et coches d’eau sommeillent enchaînés….

Sur les quais désertés, seuls des bruissements d’ombres,
Tels de furtifs soupirs, ondoient, évanescents.
Ils glissent sous les ponts inquiétants et sombres
Où semblent sangloter des flux opalescents…

Entre deux eaux, je rode et flotte funambule.
Sibylline présence, au pourtour d’un rocher,
Près d’un bosquet de fleurs danse une libellule ;
Nuées de sable, au loin, minuit sonne au clocher…

En maints miroirs brisés le temps se cristallise.
Il pleut mon âme, il pleut des larmes de grésil.
Sans rimmel ni fard, ce soir la lune est grise ;
Je ne sais d’où me vient ce sentiment d’exil….

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15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 01:37

La lune, sur un fil, lentement se balance.

L’étoile vers le vide hésite et puis s’élance.

Froissements de bois morts sous des cieux éthérés,

La louve grise avance, avance à pas feutrés.

Un lièvre, nez au vent, dresse ses deux oreilles,

S’agite puis bondit sous des salsepareilles.

Une chouette hulule au cœur de la forêt.

Une biche, aux aguets, frémit dans un fourré.

D’arbre en arbre, le vent, glacé comme le marbre,

Aiguise sur les troncs le tranchant de son sabre.

Le fauve, à l’affût, guette, errant dans la pénombre,

Ces esprits fluctuants, crédules et sans nombre

Qui dérivent perdus dans un monde indistinct.

Pour durer le petit se fie à son instinct,

Il disparaît, se cache à la moindre menace

Mais perfide et cruel, le nuisible est tenace.

Dissimulé dans l’ombre il pose des appâts ;

La nature frisonne à chacun de ses pas.

Une longue rumeur agite le silence ;

Aux branches des feuillus glisse la pestilence.

En insufflant la haine au plus profond des cœurs,

C’est la mort qui s’invite au banquet des vainqueurs ;

D’un battement de cil, brusquement, le monde hurle ;

Lueur incandescente, au loin, la ville brûle…

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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 01:37

L’horloge du salon égrène les secondes,

L’heure sonne le glas comme un triste refrain,

Tout paraît se dissoudre ailleurs dans d’autres mondes,

Tic-tac, tic-tac, au loin s’arrête un dernier train…

 

Un bruissement de pas résonne dans ma tête,

Une femme me donne un obscur faire-part,

Brisé, le chef d’orchestre a posé sa baguette,

Anonyme, une voix annonce le départ….

 

Allongé sur ton lit, tu regardes le vide 

Et marmonne à voix basse une vieille chanson,

Dans tes yeux délavés plane une ombre livide,

Je ne sais pas quoi dire et j’en perds la raison…

 

Éphémères les mots appellent le silence

Et ta main se raidit sous mes doigts engourdis,

J’ai perdu ta chaleur, étrange somnolence,

Il me semble te voir sourire au paradis…

 

Déjà le jour s’achève, il est temps mon ami

De se dire au revoir, bouche et paupières closes.

Tu me donnes congé. L’âme et le cœur moroses,

Je referme la porte et te laisse endormi… 

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 09:55

Éloigné de tes yeux, j’ai si peu d’importance,

Qu’il me semble, pour toi, avoir peu d’existence.

Si souvent écarté, oublié, repoussé,

Comme mis dans la marge, évincé, délaissé,

Chancelant sous le poids de ton indifférence,

Je demeure contrit dans ton ombre insouciante.

C’est ainsi, je le sais ! Il est vain de pleurer

Ou même quémander ; Je vais me retirer,

Te laisser accomplir ton destin à l’envie,

Sans bruit, à pas feutrés, m’éclipser de ta vie,

Renoncer, disparaître et peut-être partir

Loin, très loin, si loin, seul dans le repentir…

Dévasté, je préfère arpenter le bitume

Que nourrir, dans mon cœur, le fiel de l’amertume… 

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23 avril 2014 3 23 /04 /avril /2014 22:56

Dessein, jeu de hasard ou volonté des cieux,
Sur la table, les dés tournent, capricieux.
Furtivement, sans bruit, par le chas d’une aiguille,
Visqueuse entre mes doigts, la vie est une anguille.
Toisant la destinée au creuset d’un tamis,
Versatile, infidèle à tous les compromis,
Elle vole le peu qu’elle donne, abandonne
Et laisse démuni le passant qui s’étonne,
Frisonne puis s’affole aux portes du néant.
La faucheuse chemine à grands pas de géant
Caracole et bondit sur sa cible hésitante.
Une mouche s’entoile et bourdonne, impuissante,
Dans des filins d’acier. Comme l’insecte apeuré,
Embastillé, mon cœur papillote, effaré.
Gigotant dans la nasse en contemplant les astres,
Il décrypte l’oracle immanent aux désastres.
Oxydé, corrodé, vermoulu, décimé par la peur,
Il attend le moment où viendra la torpeur.
Dans ma tête, une voix, cauchemar ou bien songe,
Le ver est dans le fruit, l’inquiétude me ronge…

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23 avril 2014 3 23 /04 /avril /2014 22:50

Mon vieux cœur est brisé, fatigué, laminé,
Sur la route écrêtée, éreinté par son âge,
Profondément blessé, mutilé, trépané,
Il se traîne affligé sans espoir ni courage.
De s’être trop souvent leurrer, perdu dans le brouillard,
Tout lui semble confus, trahisons et mensonges.
À la marge du monde, immuable vieillard,
Atteint de solitude, il se perd dans ses songes.
Il ne sait où aller, son bagage est trop lourd
Et l’attente si longue. Estimant la distance
Qui lui cause douleur, c’est le souffle trop court
Qu’il regarde passer tous les trains en partance.
Plus la force de croire à la vie, à l’amour,
À ces choses sans nom qui nourrissent le rêve.
La mort lente le guette, empoisonne le jour
Et l’ennui l’emprisonne, échoué sur la grève…

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 09:22

L’on s’accroche à l’amour, aux sentiments humains,

À la volonté d’être, à la beauté du vivre.

L’on s’invente un destin mais vides sont nos mains ;

Tous nos désirs sont vains, quand se ferme le livre.

 

On peut dire et vouloir, se leurrer, se mentir,

S’encorder à la vie. Au gré des espérances,

Estimer, méditer sur le temps, l’avenir ;

Tout n’est qu’illusions, que pertes et souffrances.

 

Suspendus sur un fil, entre doute et clarté,

L’on attend éreinté devant la grande porte,

Flottant entre deux eaux, l’ultime vérité,

Inévitablement, que la mort nous emporte…

 

 Depuis le premier jour, le cœur saisit d’effroi,

Égaré dans le monde, à chaque instant, lucide,

Je suis l’autre ! Cet autre allongé, le corps froid, 

Qui porte au fond de lui les gènes du suicide…

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 12:08

 

Quand la ville m’emporte et me prend par la main,

Derrière chaque mur, je colle des images, 

En laissant le hasard me guider vers l’humain,

Je ne sais où je vais, je rêve de voyages… 

 

Dérive vers l’ailleurs, d’immeubles en maisons,

Je flâne, tête en l’air, en quête d’un peut-être…

Naguère rencontrés sous d’autres horizons,

J’imagine des gens qu’ils me semblent connaître…

 

Des univers perdus que tisse mon regard,

Je dénude les fils qui doucement s’effacent,

Je ne suis plus d’ici ni même d’autre part,

J’arpente les trottoirs où les mondes s’enlacent…

 

Résonnance du temps que je ne connais pas,

Je me sens étranger aux choses ordinaires,

J’en façonne le deuil, un peu comme un compas,

Pour redonner un sens aux heures solitaires…

 

Une fenêtre s’entrouvre et je vois plein d’émoi

S’envoler l’espérance. Étrangement timide, 

Revient le sentiment, de cet enfant en moi,

Je sens la solitude et la crainte du vide…

 

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 00:10

Lorsque gronde l’orage et que le ciel chancelle,

Dans la tourmente, il est toujours une chandelle

Une blanche lueur tremblante au firmament

À laquelle une main s’accroche fermement,

C’est la main de l’enfant qui voit partir son père

Qui pour ne pas pleurer cherche un point de repère.

Il ne sait rien du monde et son atrocité,

Il porte l’innocence et rêve en aparté

Aux fleurs et aux oiseaux dans les bras de sa mère

Dont il oublie ainsi la solitude amère…

Le nez à la fenêtre, il regarde danser

Les feuilles dans le vent, les nuages glisser

Comme autant de voiliers vers l’azur en partance

Et il guette son père avec persévérance…

Pour oublier l’attente, il dessine un jardin

Où un homme le prend dans ses bras ou matin,

Il chantonne son nom. Lorsque la nuit est claire,

Au pinacle, scintille un astre solitaire 

Et, quand vient le chagrin, sur son petit cahier,

Il griffonne au crayon un rameau d’olivier…

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