Les rimes s’amoncellent… Suspendus sur l’aplat calme et profond du ciel, Comme de grands vaisseaux étendus au soleil, Des œufs battus en neige, en cascade, moutonnent. De les suivre des yeux, les spectateurs s’étonnent : De quelle île lointaine émergent...
Moi ! Seul comme sujet, libre sans dictionnaire, Comme l’on pèle un fruit, avec soin, lentement, Afin d’en côtoyer l’envers du sentiment, J’ai dépouillé les mots de leur sens ordinaire… Sans effet ni raison, de mon imaginaire, Sur les sonorités, d’un...
A quoi bon se mentir, voyons la vérité : Nous vivons une époque insipide et brutale, La chose matérielle apparaît capitale Et le monde fait fi de son hérédité... L'on ensence l'obscur et la banalité, L'excellence n'est plus l'idéal suprême, Plutôt que...
Je ne peux négliger le funeste matin En filigrane inscrit sur les mains du destin, Si l’on porte le deuil du pouvoir poétique : Le monde de demain périra sans éthique ! Face à l’intolérance, aux dangers de l’affront, Je déclame ma rime et ferai toujours...
Un éditeur me dit laisser tomber la rime Moins le lecteur comprend plus le livre est vendeur, Qu’importe le moyen, l’argent n’a pas d’odeur, Seul compte le profit, n’en faisons pas un crime ! Le talent n’a plus cours, regardez la peinture, Plus c’est...
A ta lèvre je bois la douceur sulfureuse D’un baiser sensuel et j’effleure à dessein La courbe palpitante autant que langoureuse Qui me laisse entrevoir l’ovale de ton sein. Ondule sous ma main la luxure infernale De tes reins excavés rutilants de désir...
Saumâtre et long, le jour s’annonce lapidaire, Vois, la dame de pique aiguiser ses poignards, A ses jupons pendus d’innommables bagnards Consument la lueur du divin lampadaire… Sans éclat, le conforme étreint l’imaginaire, Poète sans orgueil, de sentiments...
Même si mon œuvre est de maigre qualité Indigne de survivre à la postérité Que Dieu m’en soit témoin, en toute circonstance Fidèle à l’idéal, j’aurai de la substance Poétique nourri la musicalité Et trimé sur l’ouvrage en quête de beauté… J’aurai dans...
Plutôt crever de faim et vivre vagabond Que de brader mon art car même moribond En moi, je porterai la richesse abondante, Celle qui nourrit le cœur de manière éclatante Et de l’être, en tous lieux, désigne les valeurs Dont les vertus de l’âme arborent...
Calme langueur d’été sous le ciel alité Le jour a les couleurs que lui prête mon âme, Il respire à son pas les parfums qu’elle émane Et s’étire comme un chat plein de volupté… Entrelaçant l’azur et ses vastes auvents Olympien l’horizon, de sa lèvre nimbée...
Je perçois tous vos mots le cœur en catharsis, Encollés, l'un à l'autre, à cette table, assis, Nul d'entre vous n'entend la vaste solitude Dont je porte, muet, la triste servitude. J'aurai voulu vous dire..., avec vous partager, A quoi bon, je me tais...
Sylphide, à ton corsage, aussi doux que cruel, Lors d'une étrange nuit j'ai bu jusqu'à la lie Le mirifique alcool de la mélancolie Dont le sang fauve et noir me grise, sensuel ! Et mon âme en catin se prête au rituel, Lorsqu'elle titube ivre au bord de...
Coupable d'être née en un mauvais endroit, De l'humaine laideur l'innocente victime, Elle rode partout, sans ressource ni droit, Sans cesse côtoyant, la peur, la faim, l'ultime... Il arrive parfois, d'un bénéfique instant, Qu’elle aborde l'espoir abrogeant...
D’une vaste langueur le temps sans fin se traîne Insensible à l’ennui qui grisâtre m’entraîne Vers l’abysse d’ébène où seul le moribond, Irrémédiablement, tombe sans faire un bond… Dans le gouffre béant, immobile, je plonge, Amorphe mon esprit, poreux...
Il en est un qui prie et pleure à chaudes larmes Tandis qu’un autre dîne estimant son butin, Regarde le, repu digérer son festin, Son indifférence est : la plus lâche des armes… De l’humaine laideur il porte les vacarmes, Ne sachant dispenser les bienfaits...
Vêtus de longs draps noirs aux cols immaculés, Comme un vol de corbeaux nourris par la charogne, Orgueilleux procureurs : ils jugent sans vergogne Et fondent leurs verdicts d’arguments éculés… Imbus de leurs fonctions, par leurs rôles saoulés, Baladins...
A ceux qui font l’effort de voir et puis d’entendre, Penché sur le métier s’échinent rigoureux Et cherchent la beauté seulement pour comprendre, Appréhender le sens du monde ténébreux. A l’inventeur perclus cheminant dans le doute Mais qui sans compromis...
Ombrageuse splendeur aux puits des métaphores, Sur le seuil du chaos résonne le néant, Sublime désaveu sur les pas d’un géant, De colère, les dieux parfument leurs amphores… O ! Terrible fracas, crainte des doryphores, Purge de ses griefs le spectre malséant,...
Misérable, j’allais dans l’abîme, esseulé, Mon esprit était noir et mon cœur sans éthique Lorsque du tournesol je perçus le cantique, Ouvrant les yeux, je vis l’horizon étoilé… Revenu de l’enfer sur un cheval ailé, Acclamé par le coq, le chant de l’hérétique,...
Lorsque de l’âme monte un souffle allégorique, Emergent de l’esprit d’insolites splendeurs, D’un sillon d’encre, l’autre, issu des profondeurs, S’affirme et transparaît de façon empirique… Passant imaginaire au regard chimérique, Moi-même et différent...
Effluve de silence, une voix sibylline Rode dans ma mémoire et trouble ma raison, C’est un chant, comme un hymne, ineffable oraison, Du possible au lointain la plainte cristalline… Brumeuse vision que mon âme câline, Sensible préambule, impalpable horizon,...
Face à l’éternité ténébreuse des cieux, Musarde indéfini le murmure altérable Qui donne à l’apparence inerte un corps, des yeux, Une ombre et même cœur que le Tout vénérable… Intimiste alchimie émane des profondeurs L’ample métamorphose inscrite dans...
Exemplaire, ton nom écrit en majuscule, A lui seul redonnait l’espoir aux rescapés, A tous ceux qui, martyrs, par l’ignoble écharpés, Subissaient de la peur l’atroce canicule… Sur ton sol tolérant tombe le crépuscule Et tu fermes ton cœur à tous ces éclopés...
Luxure, vieille amie, admirable catin, Toi qui, de mon Ego, libère le sordide Et me surprends au matin aussi comblé que vide ; Laisse-moi, dans tes bras, oublier mon destin… Orgueilleux débauché, ta lèvre pour festin, J’efface de mon front l’inévitable...
Du vice et sans dégoût, avant que j’aboutisse, Je laperai du fruit le nectar défendu, Que m’importe le prix, j’en réglerai le dû ; Que le ciel me damne et l’augure s’accomplisse ! Le péché pour motif que l’enfer se réjouisse, Je connais la sentence, animal...