Le long des quais déserts dorment de vieux bateaux,
Peut-être un jour l’un d'eux partira vers le large,
Sur ma joue une larme aiguise ses couteaux,
Je vais le dos voûté me perdre dans la marge…
Suspendu sur le fil d’un maigre filament
Homme désincarné, je marche vers le vide,
Doucement je titube et je ne sais comment
Apprivoiser le temps qui sous mes pas s’évide…
Souvenance des jours où j’allais sifflotant,
Tandis que devant moi le chemin se délabre,
Ultime compagnon de mes amours d’antan,
Au bout du parapet demeure un candélabre…
J’imagine une voix qui me dira demain
Les mots tendres et doux que mon cœur affabule,
Se pose sur mes doigts l’empreinte d’une main
Dont j’encense le grain hagard et somnambule…
Estampillé revient l’étrange sentiment,
Le rêve s’effiloche et le monde bascule,
Sur l’eau de mes yeux bleus, étoile au firmament,
Le corsage échancré danse une libellule…