Ici, tout est sinistre ou presque, le béton
Projette sa laideur, grise, nauséabonde,
Son ombre verticale. À la face du monde,
Il hurle sa misère et ses murs en carton
Se fissurent. Ses fers, mis à nus, corrodés,
Se lamentent. Parfois, un bloc de pierre tombe
D’un angle, d’un balcon sur le parvis immonde,
Sans pelouse ni fleurs d’immeubles dégradés
Où, du matin au soir, maraudent, désœuvrés,
Des jeunes méprisant le collège, en rupture
Avec la société. Narguant la préfecture,
Asociales, leurs lois sont celles des cités.
Certains sont au chômage et d’autres délinquants,
L’un revend de la drogue, un autre porte une arme,
Ils deviennent ainsi voleurs ou trafiquants
Parfois même assassins sans verser une larme.
Ne montrant pas l’exemple en négligeant l’éthique,
Le profit pour moteur au lieu du fraternel,
De la cause à l’effet, la société fabrique
Des générations perdues, des criminels.
En ces lieux délaissés, seuls les déshérités,
Smicards, fils d’émigrés, chômeurs, ou bien familles
Pauvres, comme exilés aux frontières des villes,
Survivent oubliés par les autorités…