À pas feutrés, sans bruit, des lanternes griffonnent
La ligne d’horizon. Mamelons verdoyants,
Les courbes des coteaux, nonchalantes, chiffonnent
Puis estompent la nuit. Des brassiers flamboyants
Enluminent mes yeux. Dame lune, coquette
Demoiselle, se voile et rejoint son manoir,
Elle semble glisser, gracile silhouette,
Sur le jaspe améthyste enfanté par le noir.
La nature s’éveille et le monde bascule,
La rosée étincelle aux calices des fleurs
Le souffle guilleret de Zéphyr déambule
Entre les frondaisons et en sèche les pleurs.
La robe de la mer se plisse et se dentelle.
Virgules dans le ciel, une escadre d’oiseaux
File vers l’orient ; comme la vie est belle !
Dominant la lagune, assis entre deux eaux,
Je respire au matin la fraîcheur des jacinthes
Et l’or en fusion du soleil renaissant
Qui lambine joyeux parmi les térébinthes
Les pins et les figuiers sous un ciel bleuissant…