Tu as perdu le fil de ta première enfance,
Au lieu du souvenir un vaste trou béant,
Ton vécu de naguère appartient au néant,
En ton cœur reste inscrite une ancienne souffrance…
Son fantôme parfois effleure ta conscience,
L’inusable secret enrubanné de pleurs
Te désigne du doigt et les vieilles douleurs
Entrouvrent le tombeau dont tu as la prescience ;
Monte des profondeurs des oraisons funèbres,
Le cauchemar revient et rampe sous le toit,
Souviens t’en, cet enfant dans le noir, c’était toi !
Tu es seul dans un lit prisonnier des ténèbres.
Ta mère a du chagrin et tu t’en sens coupable,
Coupable d’être là. Pourtant tu n’as rien fait
Mais tu ne le sais pas. Tu portes le méfait
Et la fêlure s’évase intense, inacceptable…
Une femme sanglote au creux de ta mémoire,
L’ombre de la mort flotte et tu ne comprends pas
Tu ne vois plus ta sœur, seul résonne le glas,
Il te faut oublier pour survivre à l’histoire…
Tu ne vois pas ses yeux ni même son visage,
C’était juste un bébé qu’une pierre a frappé,
Triste et pauvre destin qui nous a tous happé ;
Elle s’appelait Claudie et demeure sans âge…