Au moindre courant d’air, comme faible allumette,
Je m’épuise à survivre au fond d’une oubliette.
Bras armés de la mort, le corps bardés de fer,
Sans cesse des soldats me promettent l’enfer…
Leurs suzerains, aux chiens me jetent en pâture.
L’un me bâillonne, un autre, hideux, me torture.
Chaque jour bafouée on se moque de moi.
Recluse dans mon trou, pour conserver la foi,
Je chuchote à voix basse une sainte prière
Et cherche dans l’abîme une once de lumière…
Il arrive pourtant qu’un rayon de soleil
Enlumine les murs me tirant du sommeil,
C’est alors que je rêve, en fille d’harmonie,
De calmes horizons, d’amour et poésie...
Mais le monde est malade. Atteint de cécité,
Il se goinfre de sang jusqu’à l’obésité.
Animal psychopathe, il attise la flamme
Et enfante le mal sans aucun état d’âme…
Orpheline, j’ai beau prêcher sous l’olivier,
Avec humilité larmoyer, supplier
Partout je vois, j’entends, dans la nuit souveraine,
Les hommes recharger les fusils de la haine…