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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 21:34

Imperturbable sphinx, sublimant le silence,

Il me tourne le dos couché sur mon bureau,

Mais je sais qu’il surveille, orgueilleux et maraud,

De moi, le moindre geste, en feignant l’indolence…

Il suffit que je bouge aussitôt, il s’alarme,

Il s’étire, il s’allonge et bondit lestement

G riffes rentrées, sur moi puis, s’installe amplement,

Pianote et ronronne, et me laisse sans arme…

Blotti sur mes genoux, les paupières mi-closes,

Librement, il me dit, à sa façon, l’amour,

La sérénité d’être, à chaque instant du jour,

En harmonie avec l’immensité des choses…

 

Étendu délicat en de multiples poses,

Il me tient sous son charme impassible et câlin,

Mais au plus petit bruit, l’adorable félin

Se révèle soudain roi des métamorphoses… 

Des éclats de métal disent son caractère,

Imposent le respect, réclament des égards,

D’une sombre clarté, quels que soient ses regards,

L’agate de ses yeux donne une âme au mystère…

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 00:24

La vision m’emporte en des lieux d’anathème, 

Des femmes, des enfants gisent sous le béton

Et des hommes vaincus par le feu du canon,

Têtes basses, brisés, marchent vers la géhenne…

J’ai beau chercher le mot qui rassure et apaise,

La page reste blanche et mon cœur impuissant,

Ma plume a la couleur des larmes et du sang,

De ces corps, sans linceul, allongés dans la glaise…

Je contemple la mort et mon encre se fige,

Les chants du désespoir ne portent pas de nom,  

Ne pouvant implorer les dieux ou le pardon,

Je demeure sans voix, la sentence m’afflige…

Quand le monde bascule infesté par la rage

Quand la misère frappe aux portes des maisons,

Et quand l’homme bâtit pour son frère des prisons ;

Mon silence est un cri de tristesse et d’orage…

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 00:19

Qu’importe d’où il vient, son bouquet, sa valeur,

Son cépage ou son goût, ses tanins, sa couleur,

Le bon vin c’est celui déposé sur la table

C’est celui que l’on sert à l’ami véritable…

C’est celui que l’on boit avec joie et désir,

Sans vraiment le goûter juste pour le plaisir

De l’instant partagé, du bonheur d’être ensemble ;

Le bon vin c’est celui qui le soir nous rassemble…

Quel que soit le domaine où il fut cultivé,

La barrique, la cave où il fut élevé,

Sa teneur en alcool, son flacon, sa bonbonne,  

L’étiquette qu’il porte et le nom qu’on lui donne,

Le bon vin c’est celui du moment solennel

Où l’on trinque gaiement à l’amour fraternel,

C’est celui qui vous grise et vous tourne la tête ;

Le bon vin c’est celui que chante le poète… 

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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 23:57

Lors que passe la nuit au creux des solitudes,

Feulements entichés de calmes habitudes,

Avenant et félin, noble comme un baron, 

Niché sur mes genoux, un chat fait le dos rond…

 

Quémandant ma caresse avec délicatesse,

D’une exquise douceur, il m’offre sa tendresse,

Dans ses yeux d’iris vert, une paillette d’or

Brille et veille sur moi, même, lorsqu’il s’endort…

 

Je sais qu’à sa façon il pourchasse les ombres

Qui m’entraînent toujours vers ces alcôves sombres

Où le chagrin et l’ennui manigancent en chœur,

Sensible à mon humeur, seul ronronne son cœur…

 

Et quel que soit l’instant, la nature de l’heure,

Âme consolatrice en ma vaste demeure,

Il me charme et m’apaise en toute liberté ; 

Tout chez lui n’est que grâce, amour et volupté…  

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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 23:51

Tout au fond d’un couloir, en d’étranges maisons,

Il est des escaliers, qui,  comme des impasses,

Ne débouchent sur rien d’autres que des prisons ;

Là restent à jamais closes des portes lasses…

 

L’oreille à leurs battants, le cœur désemparé,

Dans la pâle clarté des jours et des nuits sombres

Où bruissent les secrets, j’écoute soupirer,

À mi-voix sangloter, le chuintement des ombres…

 

Au bord d’une étagère, un vieux livre écorné,

Une main en caresse, une à une les pages,

Ainsi passe le temps, le temps désincarné

Dont seule la mémoire esquisse les visages…

 

Accrochés sur les murs, la pierre ou le torchis,

Souvenirs délavés, des images troublantes,  

Des cadres, des photos, des spectres défraîchis

Frissonnent, tremblants, dans la lueur des lampes…

 

Chevrotantes, des voix, d’un murmure parfois,

Comme des disques rayés, ressassent, monotones, 

Le lancinant refrain d’une chanson d’autrefois

Que reprennent en chœur d’antiques gramophones…

 

Sur de profonds sofas aux velours safranés,

Sirotant du thé froid aux arômes fadasses

Et brûlant de l’encens, des parfums surannés,

Des êtres égarés survivent têtes basses…

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 01:27

 Cinquante ans sont passés, j’en maudis ma mémoire.

Sans fin j’ai ressassé cette terrible histoire,

Je m’en souviens toujours, c’était un traquenard

Dont je conserve intact l’horrible cauchemar.

C’était une nuit d’été, nous étions en famille,

Rieuse, je n’étais qu’une petite fille…

Tandis que je dormais brusquement j’ai senti

Un homme se glisser, près de moi, dans mon lit.

Je n’avais que huit ans, je ne savais que faire,

J’ai reconnu sa voix, il m’a dit de me taire.

Je ne comprenais pas ce qu’il faisait ici,

Quand il m’a caressé, sous le choc, j’ai frémi.

Je ne pouvais bouger car sa main sur ma bouche

M’empêchait de crier, me clouait sur la couche.

Il se frottait sur moi. Son souffle dans mon cou

M’inspirait, haletant, la peur et le dégoût.

Il salissait ma peau, j’étais la prisonnière

De ses gros doigts rugueux. De façon ordurière,   

Il profanait mon corps : c’était un animal !

Je désirais mourir tant il me faisait mal.

Il me volait l’enfance, il n’était plus mon oncle.

Empressé d’en finir, il m’écorcha d’un ongle,

Il m’écarta sous lui, tandis qu’il m’empalait,

Je l’implorais des yeux et lui : il me violait !…    

Lors que revient la nuit je pourchasse cette ombre

Qui m’entraîne toujours vers la chambre sombre

Où j’ai, jadis, connu la terreur et l’effroi

Et, trop jeune, perdu l’innocence et la foi….

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 00:35

Lorsque lasse la nuit redresse ses vertèbres,

Qu’elle s’étire comme un chat vers l’Occident

Et qu’elle fait son lit le jour pour confident,

De ses poches, soudain s’éloignent les ténèbres,

Un sillon de cobalt maquille ses paupières

Puis, quand elle secoue, avec soin, son mouchoir,

Jaillissent des oiseaux de sa robe en pochoir,

De son royaume un œil embrase les frontières,

Dans le ciel des maillons font des colliers d’agates,

Aux confins de ses doigts brillent des anneaux d’or,

Tandis que doucement, sans bruit, son cœur s’endort,

 Il pleut des papillons et du soleil en grappes

Coule dans les vallons. Des gerbes de glycines

Et des ruisseaux d’iris jaillissent des coteaux,

Sublime, la nature entrouvre ses manteaux ;

Dans les prairies, plus loin, s’égaient des capucines…

D’un battement de cils, la terre, au fil du paysage,

S’éveille et se transforme en immense jardin,

Sur son corps déambule un joyeux baladin

Qui, dès l’aube naissante, effeuille son corsage…

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 00:31

Semblable à l’orpailleur les pieds dans la rivière,

Je ne voyais que l’or et creusais mon tombeau,

Moi qui cherchais partout des miettes de lumière,

J’en oubliais le ciel se reflétant sur l’eau…

Grisé par les parfums qu’exaltent les chimères,

 Je devenais aveugle et je vivais la nuit,

Ainsi passaient les jours parmi les éphémères,

Sans même le savoir je marchais vers l’ennui…

Sur mon cœur, doucement, telle une pierre lourde,

La fatigue est tombée. Un voile sur les yeux,

Je rampais à genoux vers une porte sourde

Qui me barrait l’accès au monde merveilleux…

 

Sur la route, j’ai bu le vin des solitudes

Dont, j’avais, malgré moi, distillé la liqueur,

Titubant sous le poids des vieilles habitudes,

À chaque carrefour, sous un soleil moqueur,

J’ai semé sur mes pas des galets de poussières

Que le vent m’a volés sitôt le dos tourné

Et je me suis perdu dans d’obscures clairières

Où, jamais, je n’ai vu les yeux de l’être aimé…

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 10:27

Ici, tout est sinistre ou presque, le béton

Projette sa laideur, grise, nauséabonde,

Son ombre verticale. À la face du monde,

Il hurle sa misère et ses murs en carton

Se fissurent. Ses fers, mis à nus, corrodés,

Se lamentent. Parfois, un bloc de pierre tombe

D’un angle, d’un balcon sur le parvis immonde,

Sans pelouse ni fleurs d’immeubles dégradés

Où, du matin au soir, maraudent, désœuvrés,

Des jeunes méprisant le collège, en rupture

Avec la société. Narguant la préfecture,

Asociales, leurs lois sont celles des cités.

Certains sont au chômage et d’autres délinquants,

L’un revend de la drogue, un autre porte une arme,

Ils deviennent ainsi voleurs ou trafiquants

Parfois même assassins sans verser une larme.

Ne montrant pas l’exemple en négligeant l’éthique,

Le profit pour moteur au lieu du fraternel, 

De la cause à l’effet, la société fabrique

Des générations perdues, des criminels. 

En ces lieux délaissés, seuls les déshérités,

 Smicards, fils d’émigrés, chômeurs, ou bien familles

Pauvres, comme exilés aux frontières des villes,

Survivent oubliés par les autorités…

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 21:41

Dans la pâle clarté d’une ampoule citron,

Elle git, affalée, entre deux carrelages.

Plus la force de faire, il faut croire aux mirages,

Nulle rose n’éclaire et ses joues et son front…

 

Jeune fille étrangère à ce triste décor,

  Sur le sol nauséeux de latrines blafardes

Où volètent, sans fin, des mouches nasillardes,

À demi-repliée elle respire encor…

 

Si près, si loin de nous, les yeux clos, dans l’ailleurs,

Esseulée, elle est là ! Le visage livide.

Dans sa main entrouverte, une seringue vide,

Peut-être rêve t’elle à des mondes meilleurs ? ...

 

Des nuées de coton toupillent dans le ciel.

Elle ne bouge pas, ses membres sont inertes,

Mais s’égare pourtant sur des îles désertes

Et plonge plus profond dans un mauvais sommeil…

 

Quand la pierre craquèle et s’effrite en morceaux,

Lorsque l’hiver est rude et la terre gelée,

Tandis que doucement expire l’azalée,

Vers quels lointains pays s’embarquent les oiseaux ? …

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