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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 18:02

Ô, tireur aux affûts, regarde un ange passe…

    Au bout de ton fusil, immature et content,

    A quoi peut-il rêver, lui, que la mort attend ?

Vise au cœur l’innocent, l'ordre veut qu'il trépasse !…  

 

Embusqué sur les toits, le cri des oies sauvages,

Un éclair puis un autre en cascade répond,

Chemise rouge sang, un enfant moribond

Git sur le boulevard. Quels sont donc ces visages

Que l’on n’aperçoit pas qui violent les étoiles ?

Dans les rues de Damas rode une femme en noir,

On dit que c’est la mort en toilette du soir

Qui comble son amant en dispersant ses voiles…

 

Non ! C’est la liberté qu’on étouffe sous des chaines,

C’est l’ombre qui descend aux portes des maisons,

Celle que l’on entend chanter dans les prisons,

Qui célèbre César en aiguisant les haines,

C’est le pas scélérat des chiens de la milice

Qui résonne sans fin et ne laisse que pleurs

Dans l’écho des fusils où ne vivaient que fleurs ;

C’est le crime sans nom dont le monde est complice !...

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 11:54

Chaque jour, elle court d’un travail précaire

À un autre, toujours ! Tous les mois c’est pareil,

Débourser le loyer, dénicher l’essentiel,

Compter le moindre sou, trouver le nécessaire,

Optimiser le peu de ses maigres ressources,

Vivre sans superflu d’un rien à partager,

Surtout ne pas rêver, avoir de quoi manger, 

Éviter l’inutile, aller faire les courses ;

Une miche de pain, trois ou quatre tomates

Du riz, des spaghettis, quelques fruits de saison,

Du lait pour les enfants et parfois du poisson… 

Comparer les prix, se priver d’aromates,

Regarder les abats, ignorer le fromage

Et puis l’œil aux aguets sillonner les rayons,

Du café, le moins cher, et quoi d’autre voyons ?

 Chercher la bonne affaire et surtout rester sage :

Juste l’alimentaire !…Acquitter les factures

Et vivre au minimum avec peu, sans plaisir…

Dans la précarité, pas le moindre loisir,

Juste le droit de pleurer devant les devantures…

 

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 01:26

Fantôme rampant dans la brume,

Contre mon geôlier révolté,

Le cœur épris de liberté,

Lors d’une nuit noire, sans lune,

J’ai franchi les murs de l’enclave.

En brisant les fers à mes pieds,

J’ai quitté ces tristes quartiers

Où je vivais en esclavage

Depuis le jour de ma naissance.

Déliant les fils du destin,

J’ai suivi le premier chemin

Et couru comme un homme en transe ;

  Plus de barreaux, plus de cages.

Découvrant un monde inconnu,

D’un pas léger à demi-nu,

Je traversais les marécages,

Les plaines, les forêts, la campagne.

J’allais chantant, à pleins poumons,

Un air conjurant ces démons

Négriers et gardiens du bagne.

Je n’étais plus l’ombre asservie,

Cette chose sans lendemain,

J’avais conscience d’être humain ;

J’étais le maître de ma vie !...

 

**********

Au loin, soudain, j’entends la meute,

La cohorte des miliciens.

À mes trousses, des cris, des chiens

Sanguinaires que l’on rameute…

L’épouvante me paralyse,

Inutile de pleurnicher,

Que faire, fuir ou me cacher ?

Dès lors, la peur me galvanise,

Que m’importe la route à suivre,

Semblable à un fauve éperdu,

Je cours le souffle suspendu ;

L’impératif est de survivre !

Fini le temps des inquiétudes,

Où je courbais le dos soumis

Aux désirs de mes ennemis.

Fini le temps des servitudes !

Je ne rejoindrai pas l’enclave

Dont, longtemps, comme un animal

J’ai subi le cycle infernal

Sans pouvoir exprimer ma rage.

Du passé, j’ai tourné la page,

D’avoir volé ma liberté

J’ai découvert la dignité,

Plutôt mourir que d’être en cage !...

 

**********

Homme debout face à lui-même,

J’affirme mon identité.

Vient le moment de vérité,

La liberté pour seul emblème,

Il me faut lutter, me débattre

Et regarder, droit dans les yeux,

Mes bourreaux, la mort et les cieux ;

Juste avant de périr combattre !

À pas lents, j’ai repris ma route,

L’aube enluminait l’horizon,

Des oiseaux, dans la frondaison,

 Chantaient. Gaillard, j’allais sans doute

Vers la seule porte possible.

Je savais mon destin tracé,

Bien qu’un peu décontenancé,

Je cheminais, l’esprit paisible,

Parmi les pins, les térébinthes,

Les herbes folles et les fleurs…

J’ai séché ma crainte et mes pleurs

Grisé par l’odeur des jacinthes…

Parvenu près d’une rivière,

Un coup de tonnerre soudain,

Une pierre blanche à la main ;  

 Je suis parti vers la lumière…

 

**********

L’esprit en paix avec la terre

Au levé du jour éthéré

Le corps pétrifié, rassuré

Par le sourire de ma mère

Et sa voix, lointaine mais douce,

 Qui me chuchote tendrement

À l’oreille, inlassablement,

Ce mot d’amour que rien n’émousse,

 Loin des cris, des fracas hostiles, 

Les yeux grands ouverts face au ciel,

Au seuil de mon dernier sommeil,

Sur un lit de mousses fertiles,

Les doigts posés sur la blessure

D’où le sang, comme un filet d’eau,

S’évade et colore la peau

De mon front puis ma chevelure,  

Aux extrémités des herbages,

Près de la rive en espalier,

Sous l’ombrage d’un olivier,

Couché, parmi les fleurs sauvages,

Je dors bercé par l’eau du fleuve,

Je n’entends plus les chiens brayer

Ni même le monde aboyer,

Je rêve et je fuis l’aube neuve…

 

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 03:48

Elle, câline silhouette,

Semble avoir perdu la raison,

Héra réside dans sa tête,

Avec soin, verse son poison…

Âcre, le venin se propage,

Goutte à goutte, dans son esprit,

Façonne les fers d’une cage

Dès lors l'horizon se flétrit...

 

Sous l'influence maléfique

Pauvre petit oiseau, son cœur

Chavire soudain chaotique

Dans les limbes de la rancœur…

 

Victime, elle nourrit la flamme

Tumultueuse du brasier

Qui consume sa beauté d’âme

Et lui donne un regard d’acier…

Face à la catharsis tenace,

Je reste les yeux clos. Surpris,

Je titube sous la menace ;

Tombent l’injure et le mépris…

Triste, sur ma joue une larme,

Crucifié sur le repoussoir,

Sa violence me désarme ;

Il pleut des lames de rasoir…

Taciturne, l’effroi me glace,

Reclus, je cherche le sommeil.

Sous le poids des mots, l’humeur lasse,

Je dors sans regarder le ciel…

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 06:20

L’une me dit des mots qu’une autre contredit

Et puis une autre encore arrive antimonique,

Me désigne du doigt sur un mode emphatique,

Je cherche qui je suis homme seul et maudit…

Je vais et je divague au gré de mes fléaux,

Il m’arrive parfois parmi la multitude

D’entrevoir le chemin de la béatitude,

Un éclair de conscience assis entre deux eaux…

Fragments de vérité dans un monde confus,

J’ai l’esprit en lambeaux et je me sais malade,

Contemplant mon destin je reste sur la rade,

Enfermé dans ma cage, indigent et reclus…

Puisque revient la bête encore et puis toujours…

Misérable fardeau pour mes parents, mes proches,

L’âme et le cœur usés, laminés de reproches, 

Il est sans doute temps de mettre fin aux jours…  

Comme je suis venu, je pars dans la douleur

J’aurais pourtant voulu conjurer l’anathème,

Je ne peux rien y faire, étreint par le blasphème,

Je demande pardon de semer le malheur…

Sur le seuil du néant, animal éperdu,

De l’acte accomplissant le caractère ultime,

Malgré moi, le bourreau devenu la victime,

Schizophrène, Je suis la corde et le pendu !...

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 16:10

Le souffle de mon cœur, comme une guêpe prise

Au piège d’une cage en verre dépoli,

Bat des ailes en vain, bourdonne et puis s’épuise :

Ta porte reste close et l’horizon pâlit…

 

Sur le bord d’un trottoir, je retourne ma poche.

Avec soin conservé sous un mouchoir froissé,

Ramassé dans la rue, un objet plutôt moche,

Alambiqué, sans doute un vieux ressort cassé,

 Comme mon cœur, rouillé. Pas plus gros qu’un poix-chiche,

Un morceau de métal que personne ne veut

Ni voir ni posséder, devenu mon fétiche,

Lorsque le ciel est gris je lui confie un vœu…

Négligeable et commun, un peu à mon image,

Invisible à vos yeux, vagabond sans le sou,

Tout juste toléré, c’est dans le paysage

Un petit rien perdu qui ne vaut pas un clou

Raflé je ne sais où. Seulement une chose

 Avec qui je converse et délire la nuit

Quand l’envie est trop forte et mon âme morose,

   Quand l’instant se suspend aux branches de l’ennui,

Quand je vais, au hasard, me perdre, solitaire

Dans la ville et surtout, pour ne pas sangloter,

Qu’il me faut, à quelqu’un parler, ne plus me taire

Replié sur moi-même en proie à l’anxiété.

Quand mon attente est vaine et la vie incertaine,

Quand la douleur revient nourrir le sentiment ;

C’est comme une présence à qui dire « je t’aime !... »

Un ami dont j’ai fait mon dernier confident…

 

Accrochée à mes pas, nébuleuse compagne,

Les jours ont beau passer, fidèle à mon émoi,

Le temps est immuable et sa main m’accompagne,

Solitude m’exile au plus profond de moi…

 

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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 23:46

Les hommes ont les pieds carrés, triste univers,

Ils marchent sur la tête et pensent à l’envers,

C’est ainsi que toujours ils dévastent le monde,

De la cause à l’effet, la terre n’est plus ronde…

Funestes tourbillons de sable et de poussières,

Les souffles de l’enfer, en cohortes guerrières,

Déferlent du désert et laissent derrière eux

Qu’aridité, misère et spasmes nauséeux…   

Innommables péchés, des nappes de goudron

Divaguent sur les mers. Comme dans un chaudron

Le climat se détracte, ouragan et tornade

S’en donnent à cœur joie et portent l’estocade…

Hier encore jardin peuplé d’oiseaux, de fleurs…,

Sous les poings de l’humain, la planète est en pleurs ;

Terrible vérité, la nature agonise

Et la foule s’en moque éructant sa bêtise…

S’érodent doucement les neiges des glaciers,

Saumâtres, pollués, les fleuves nourriciers

Deviennent des égouts. S’étend la sécheresse ;

Les peuples affamés sombrent dans la détresse… 

Le plomb et le mercure altèrent le limon,

Les eaux venues du sol, pleines de goémon,

Émétique bourbier, croupissent dans la fange

Et rien ne peut survivre au phénomène étrange…

 Le ciel a les couleurs de ses gouffres profonds

Où l’œil ne voit plus clair, sous de mornes plafonds,

Chaque jour plus épais, les astres disparaissent :

Nous sommes sans futur ! Crient les enfants qui naissent…

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15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 12:05

Depuis la nuit des temps, depuis la nuit première,

Muni d’un arc tantôt, tendre et courtois, seigneur

Ou cruel prédateur en habit de lumière

Nimbé d’ombres, musarde un habile chasseur…  

Immolés, sur l’autel, misérables trophées

Palpitants dans la main de cet archer moqueur,

Les êtres suppliciés, délaissés par les fées,

S’enivrent du venin qu’il distille en plein cœur…

Ses victimes sont là, comme des coques vides 

Echouées sur le sable, émues sur le carreau,

Elles crient en silence et attendent livides,

Juste un geste, un regard, entichées du bourreau…

Criminel endurci, blasé, sans état d’âme,

Ne laissant derrière lui qu’un sourire narquois,

Lorsque l’amour s’en va sans bagage ni flamme,

Meurtrissure et couteau sont faits du même bois !...

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15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 11:56

Je voudrais délaisser les heures ténébreuses,

Tous les objets falots des années ennuyeuses

Où chaque jour nouveau, semblable aux précédents,

S’éternise morose à distance du temps…

De-ci, delà parfois des souffles éphémères

Mais en tous sens, sans force aux grands yeux de chimères,

  S’époumonent pour rien en marge du destin

Car mon rêve est avare et s’achève au matin…

Assise sur le seuil d’une sinistre porte,

La vieillesse m’attend pareille à cette eau morte

Qui s’enlise et croupit dans les bras du néant,

Dont je vois s’évaser le vaste trou béant…    

Aussi pesant, prostré qu’une blanche frégate,

Lorsque tombe le vent sur l’océan d’agate,

Je regarde passer la vie en catharsis,

Faut-il me souvenir de naguère et jadis ?...

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15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 11:02

 Les vignes de l’amour n’ont plus de frondaison,

Nul printemps ne viendra leurs redonner une âme,

Un lourd et froid caban en étouffe la flamme,

Le paysage est nu, c’est la morte saison…

 

Indifférent, cruel, l’hiver bâtit son nid,

Au contact de ses doigts le sentiment expire,

Avant qu’il ne s’installe, évitons en le pire,

Mon cœur s’apaisera quand tout sera fini…

 

Tu pars vers d’autres lits, sans doute as-tu raison,

Fais vite ta valise et quitte le navire,

Ne reste pas ici déjà le ciel chavire,

La neige a recouvert le toit de la maison…

 

Et même si je vais, en ce jardin fané,

Quelquefois sangloter solitaire, qu’importe,

Il restera toujours, couché devant ma porte,

Un chat qui dormira sans être chagriné…

 

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